mardi 7 janvier 2014

Je suis transformée.

Autant à l'extérieur qu'à l'intérieur.

Dehors, parce que mon ventre à désormais l'allure singulière d'un pruneau séché et poilu.
J'ai une silhouette approximativement découpée.
Dedans, parce que je suis maintenant double-maman d'un petit grand-frère et d'un bébéluga bien rose.

Comme on dit, la vie est bien faite et elle s'organise pas très subtilement pour que les dernières semaines de grossesse nous donnent envie d'accoucher. Avoir mal n'est rien, pouvu que ça finisse.

Dans l'attente, les jours finissent par ne plus finir.
Jusqu'au jour où ça finit.
Rendue là, on compte les secondes avant la grande rencontre.
Et comme ce n'est pas le premier, on sait mieux ce que ça implique et toute l'importance que cet humain encore inconnu aura pour nous.

Ce qu'on a passé des semaines à préparer pour que tout soit parfait n'a plus sa raison d'être et devient futile.
Oui, j'ai tout de même accouché les cheveux propres et j'en suis bien heureuse (pour la photo après surtout). Mais tout le reste était passablement imparfait.

Et c'est toute cette imperfection qui en fait un moment inoubliable et particulier.

Moment imparfait numéro 1 :

Ce soir là, j'ai décidé de me gâter. C'est le temps des Fêtes, Alors GO! Je me commande des sushis. À moi de moi qui seront mangés par moi.
Soigneusement sélectionnés, l'assiette parfaite et ultra dispendieuse. LA gâterie ultime.

J'en ai mangé 3...

Le temps que le livreur arrive j'ai eu le temps de réaliser que ce n'était peut-être pas une super idée tout compte fait, vu les contractions qui sont apparues et ne sont jamais reparties.

Je mange une bouchée.
J'ai un drôle de pressentiment.

Je mange deux bouchées.
Dans la douleur, j'ai un p'tit peu mal au coeur.

Je mange trois bouchées.
Je me rappelle qu'on m'avait dit de ne pas trop manger avant d'accoucher pour ne pas vomir tout le long. Honnêtement, je ne préfère pas.

Alors après réflexion, je ne prend pas de chance et range les 3.8/4 de mon merveileux repas au frigo.

J'y ai repensé plusieurs fois à mes regrettés sushis. Avant, pendant, et après l'accouchement.
Avant, parce que au final, je n'avais pas soupé. Pendant, parce que je n'avais le droit pour collation, que de sucer des glaçons. Et après, lorsqu'ils m'ont servi une sandwich au poulet brun sur pain lyophilisé.

Moment imparfait numéro 2 :

Tout simplement la date. Pile-poil entre Noël et le jour de l'An.
Nous trouverons bien une solution pour les années prochaines...

Moment imparfait numéro 3:

J'ai oublié de retirer la musique de Noël de ma liste de lecture...

Moment imparfait numéro 4 :
La douleur et toutes les fois où j'ai répété que je ne me souvenais plus que ça faisait aussi mal.
Parce que bon, avoir mal c'est jamais super parfait.

Ultime moment imparfait :

Papa se tape une pneumonie durant l'accouchement et est particulièrement peu participatif aux activités du jour.

J'ai déjà vu mieux.

Mais j'avais les cheveux propres.

Par-contre, lorsqu'ils m'ont écartillée à tous vents, un peu trop d'avance en attendant le médecin de garde, je me suis rappelée qu'il y avait quelques temps que je n'avais pas réussi à me raser les jambes.
Et que je portais des bas bruns avec des chevaux.

Et là, branle-bas de combat.
À travers l'arrivée soudaine (mais attendue) du médecin inconnu, des étudiants universitaires et d'une infirmière bête bête bête qui semble me juger sur tout, un cri...

Juste un «Ouin!»

Qui a suffit à me faire oublier mes jambes poilues, Michaël Bublé, mes bas bruns, mes regrettés sushis, l'infirmière bête qui juge et la date.
Papa en a même oublié sa pneumonie l'espace d'une seconde.

Puis, une fois déposée sur mon ventre flasque et ratatiné, un regard qui nous a fait oublier tout ce qui restait à oublier après ça.

C'est comme ça que finalement l'arrivée de Bébéluga a étée parfaite dans toute son imperfection.










dimanche 15 décembre 2013

Mon chum me voit désormais comme une grosse bombe à retardement.
Tic-tac-tic-tac...
Mais qui n'explose jamais.

Chaque journée est une journée d'accouchement potentielle.
Chaque arrivée au boulot est peut-être la dernière.
Chaque soubresaut de contraction est suffisante pour le mettre dans tous ses états.

Nous vivons constamment dans l'attente mais rien de rien ne bouge. Le calme plat.
Bébé est bien emmitouflée dans son cocon bien trop petit.

Elle attend sagement l'arrivée de la semaine des quatre jeudis.

Pourtant j'ai tout essayé!
J'ai appuyé sur mes pouces avec des crayons;
J'ai cuisiné en sautillant sur place;
J'ai fait tout mon magasinage des Fêtes;
Je me suis fait masser les chevilles jusqu'à ne plus les sentir;
J'ai mangé beaucoup trop de mets épicés, avec beaucoup de cari;
J'ai nettoyé la maison en bondissant sur un ballon;
J'ai fait la macaréna 3 fois en tournant sur moi-même tout en récitant une chanson de Cabrel sur l'air de «Vive le vent»...

En attendant, je vis constamment des fausses-alertes.
Juste assez pour faire paniquer mon pauvre chum qui ne sait plus où donner de la tête.
- Chéri, as-tu ta valise, j'ai des contractions bizzares!
Suivi de
- Ah non, laisses faire, ça a arrêté. Encore...

J'ai toujours des signaux!
Mon chat est colleux;
J'ai eu une journée où je me sentais plus énergique;
J'ai eu une journée où je me sentais plus fatiguée;
J'ai mal au coccyx;
J'ai des contractions fréquentes et régulières, de plus en plus fortes, qui font dire «ÇA Y EST!»
Jusqu'à ce qu'elles disparaissent soudainement, comme par enchantement.

Mais comme on ne sait jamais quand ça peut arriver, on veut être toujours prêts! (Parole de scouts!)

Parce qu'il est hors de question que je me retrouve à accoucher avec les cheveux sales par exemple.

Ou de devoir partir LA soirée où j'aurais décidé de laisser faire la vaisselle pour une fois et ainsi se retrouver à faire venir quelqu'un pour garder petit-grand-frère et passer pour des souillons qui vivent dans un appartement insalubre à travers des casseroles collées et un bouchon de riz au fond de l'évier.

Ou bien encore oublier de charger mon téléphone et rester pris dans une tempête sur le bord de l'autoroute avec aucun moyen de communication (mon chum aussi aurait oublié le sien) et être obligée d'accoucher par nos propres moyens dans un banc de neige, au froid, avec une musique triste.
Mon chum serait obligé de nous réchauffer les deux parce qu'on aurait oublié d'emporter nos manteaux et il n'y aurait plus d'essence dans l'auto. Personne ne voudrais nous prendre parce que nous serions nus et que j'aurais les cheveux sales.

J'ai hâte que ça soit fait et que je me sois rendue compte que tout n'est pas obligé d'être parfait, à l'heure idéale, à la température idéale, après une bonne nuit de sommeil.

Parce qu'au fond, de toute façon, même si je suis sale, que je n'ai pas mes bobettes préférées ou que nous sommes nus dans le froid, le moment ne pourra pas être plus parfait.






lundi 9 décembre 2013

 

Lettre à mon enfant

Cher Bébéluga,

Je t'écris ces quelques mots pour te dire que je t'aime déjà.
Mais que j'aimerais vraiment beaucoup que tu sortes.

C'est correct, j'ai compris tes blagues de bébé.
Quand j'ai l'impression que tu me mords le col de l'utérus. C'est bizzare, ne fait plus ça.
Quand la nuit, tu attends patiemment le 15 minutes où je dors profondément pour faire un sursaut de bébé en étoile dans un environnement restreint.
Ou toutes les petites choses qui me font croire que ÇA Y EST! Mais qui sont en fait de fausses alertes, parce que dans l'attente, je suis bien trop à l'écoute de mon corps.

Il y a aussi, quand tu mets tes petits petons tous doux entre ma cage thoracique et mes poumons.

J'aimerais d'ailleurs que tu comprennes qu'avant ton arrivée, mes organes étaient déjà là et prenaient toute l'espace. Aujourd'hui je n'en ai pas moins, mais ils sont juste plus écrapouts.
Essaies juste de les épargner un peu. Ça fait mal.

Tu sais, Bébéluga, je n'en peut plus de retenir mon souffle pour mettre mes souliers (laids parce que les talons, on oublie).
Je ne veux plus être grosse et ronde et de n'avoir accès à rien.
J'en ai raz le bol de tacher tous mes chandails au même endroit, près du nombril, en préparant les repas.
Je ne veux plus d'avoir envie de pipi aux 4 minutes pour finalement me rendre compte qu'IL N'Y EN AVAIT MÊME PAS!
Et lorsque je recommencerai à avoir une démarche féminine et non celle d'un trop gros pingouin, ça fera vraiment mon affaire.
Si je pouvais aussi arrêter de pleurer en regardant les publicités à la télé, ça se prendrait bien.

Ma fille, ta chambre est terminée, toutes nos valises sont faites, ton petit linge est plié dans la mesure du possible et il sent très très bon.
Alors sens toi très à l'aise de venir faire ton tour.
On fera du cocooning au chaud, chez-nous, en regardant l'hiver.
Collés-collés avec Papa et Petit-grand-frère.

Allez Bébéluga, on t'attend!

Ta maman
xxx




mercredi 4 décembre 2013

Ce matin, j'ai de la grande visite : Sylvie Fréchette est dans mon abdomen.

Je dirais qu'elle semble avoir perdu un peu de grâce et beaucoup de coordination.
Sa chorégraphie est un peu boiteuse. J'ai même un peu honte pour elle, la pauvre.

J'ai tout de même décidé de faire preuve d'indulgence et de l'encourager dans son «crawl» maladroit. Alors je regarde mon ventre se déformer et se transformer en tentant de voir la beauté des mouvements. Puis je lui assigne des notes sur 10.
Quand j'ai l'impression que ma peau va déchirer à partir du nombril, c'est moins 5 points. Il n'y a vraiment aucun plaisir à avoir à se sentir comme dans le film «Alien»...

Et juste comme je croyais qu'elle semblait acquérir un peu d'harmonie dans ses mouvements, mademoiselle bébé a dû s'enrubaner dans son cordon ou je ne sais quoi, parce que ma bedaine s'est mise à sautiller frénétiquement pour terminer sa course complètement à ma gauche.
On diras bien ce qu'on voudra, mais voir une partie de soi à un endroit où il ne devrait pas être, ça fait un drôle d'effet. C'est bizzare et pas du tout rassurant.

À l'inverse, je salue son nouveau sens du rythme lorsque je constate qu'elle fait sauter mon nombril comme un haut parleur pulserait au son d'une musique électronique. Poum! Poum! Pipoum! Poum!
Appellez moi Toshiba!

D'ailleurs, il est devenu facile de savoir exactement où elle se situe dans mon corps, en analysant mes sensations internes.
En l'espace de 8 secondes, je peux simultanément :
Avoir envie de pipi (coude sur vessie);
Avoir envie de vomir (pied sur estomac);
Avoir l'impression que j'ai une descente d'organe (tête sur col);
Avoir des reflux gastriques intenses (corps entier sur estomac vers la gorge).
C'est un beau «Twister» organique.

En admirant tous ces mouvements désordonnés, je me rappelle m'être fait dire une fois, que les heures où le bébé s'emballe, seront probablement celles où il sera éveillé après la naissance...
Bien hâte de voir si Bébéluga sera, comme en ce moment, extrêmement trop réveillée 24 heures sur 24...





mercredi 27 novembre 2013

BANG!

D'un coup, mon ventre m'est descendu entre les genoux.
Anatomiquement, sous les seins, plus rien sur quelques pouces, puis, un bedon.
On dirais une goutte.
Ou un sac-pochette.

J'ai l'air d'une bougie qui coule.

J'imagine que c'est un des signes que l'expulsion approche un peu.
Tout comme l'épisodes de contractions-un-peu-tannantes-mais-qui-faisaient-pas-mal-sauf-des-fois que j'ai vécu cette semaine.

Quand ça fait un certains temps que les contractions durent, on se doit d'enclancher une procédure en 2 étapes. Les voici :

Étape 1 : Se coucher dans un endroit calme, sur le côté gauche et attendre de voir ce qu'il se passe.

Cette étape est agréable parce que pour une rare fois, on a le droit de rien faire du tout et de dire : - shhh! Je suis occupée chéri! Non, je ne peux pas descendre le p'tit du sapin, je dois calculer mes contractions.
La difficulté cependant, est de rester éveillée durant le processus.

Durant cette période de 30 minutes, j'ai un p'tit peu dormi. 2 fois.

Si les contractions persistent, poursuivre.

Étape 2 : Prendre un BOOON bain chaud.

Je déteste prendre un bain.
En premier lieu parce que c'est plate!
Et en deuxième lieu parce que je ne peut pas supporter d'avoir les doigts ratatinés.

Donc habituellement, j'évite. Je peux même affirmer je crois, que les seules fois où j'en prend un, c'est justement pour cette fameuse étape 2.


Ce n'est pas parce que je n'ai pas essayé d'apprécier le moment. J'ai mis des bougies (comme je ne m'en sert jamais, la poussière dessus crépitait, c'était joli).
J'ai versé la moitié de ma bouteille de gel-douche qui sent bon pour faire de la mousse.
J'ai bien pris soin de remplir beaucoup avec de l'eau bien chaude.
C'était beau, ça sentait bon. Presque invitant.

Mais, en fait, peux t'on m'expliquer pourquoi? Quel est l'effet recherché par cette baignade approximative?

Si c'est pour la relaxation, on oublie hein?
Bruits de vie familiale en arrière-plan, vaisselle, bruits de p'tit pieds qui courent après le chat, qui est effrayé à mort et dérape aux virages, nouvelles à la télé, p'tits pieds qui s'arrêtent devant la porte de la salle-de-bain, bruit de porte qui ouvre et explications interminables sur le pourquoi du comment maman est dans le bain et pas fiston et pourquoi moi j'ai de la mousse.

Si c'est pour se faire tremper le bébé, eh bien désolée, il doit y avoir quelque chose que je ne n'ai pas compris.
On peut s'entendre sur le fait qu'un béluga dans une baignoire, ça déborde...

J'embarque doucement dans l'eau, qui elle se déverse petit à petit dans le trop pleins.
J'ai le cou cassé, le menton sur la poitrine, 4 mentons sont apparus.
Les jambes pliées, les genoux aussi près de mon front qu'ils peuvent l'être.
Les bras qui... Euh... J'essaie tant bien que mal de les placer parce que je n'ai aucune idée de l'endroit où les mettre puisqu'ils n'entrent PAS sur les côtés.
Une fois installée, il reste 3 pouces d'eau. Juste assez pour recouvrir mes chevilles. Donc pour le bedon, on oublie, il est fièrement exhibé à l'extérieur de la baignoire.
J'ai froid et je ne suis franchement pas à mon meilleur.
D'ailleurs, pour confirmer mon sentiment à ce moment, mon chum est entré pour me poser une question et finalement tout ce qu'il à dit c'est : - Ihhhh!

Je ne me sens franchement pas à mon meilleur.
Et j'ai l'air d'un muffin. (Le top qui déborde et tout...).

Alors bref, j'ai attendu patiemment que l'eau devienne complètement froide, c'est à dire, 6 minutes, et je me suis dépêchée de remettre mon linge mou qui lui, n'avait pas eu le temps de perdre sa chaleur.

Et en sortant, ne sachant pas quel était l'effet recherché par cette pratique barbare et sadique, je n'étais pas tellement plus avancée.

Sauf peut-être pour une chose.
Je savais que le prochain endoit où nous vivrons aura une grande, très grande baignoire. Avec assez de place pour nous accueillir tous les deux, c'est à dire moi, et l'eau.









mardi 5 novembre 2013

 

Recette


Mélanger dans un très grand bol fatigue accumulée, hormones et inquiétudes irrationnelles. Réserver.

Dans un autre bol, pétrir ensemble les ingrédients secs, soit vergetures surprises, vêtements qui ne font plus et quelques pincées de rancoeur envers mes pieds enflés.

Mélanger le contenu des 2 bols ensemble, et observer la réaction...

Cette réaction, mon chum l'a observée à quelques reprises bien malgré lui.
Une spectaculaire explosion d'émotions mélangées.
Un «touski» de l'âme.

Le moment de la journée préféré de la tempête est le soir, juste après s'être couchés.
Des confidences sur l'oreiller. Mais violentes.

Ça commence toujours par un mot, une petite phrase du genre : tu m'aimes-tu même si j'suis un gros béluga?

Et là, malgré tout ce qu'il peut répondre, que ce soit maladroit ou rassurant, un déferlement d'inquiétudes complètement irrationnelles se jettent sur lui à la façon d'un tsunami de larmes bien morveuses.
Et sur le moment, que personne ne vienne dire que cette crise est dûe aux hormones. PERSONNE!

C'est pas les hormones, c'est moi! J'ai raison! T'as pas raison! J'suis une personne moi aussi! J'ai de la peine parce que je ne peux pas porter de beaux souliers et aussi parce que je ne suis pas bien dans mes jeans! Je ne suis plus une femme, juste un sac à bébé! Je veux dormir le matin. Et le midi aussi! Et je veux des surpriiiises! J'ai besoin que tu m'achètes du chocolat! Et des biscuits! Et des bébé-guimauves! Et que tu ne me juges pas parce que je les mange tous pour souper! Et mon manteau d'hiver ferme pluuuuus! Et j'ai toujours froid! J'ai chaud! Tasses-toi! Tu travailles avec une fille! Elle est plus mince que moi! Ça y est tu veux partir avec elle! J'ai plus d'amiiis! J'ai faim! La chambre est pas prête! On va être en retard à l'accouchement! Bébé bouge plus! Ah! Elle arrête pas de bouger j'veux dormir! J'ai mal au coeur! J'ai encore envie de pipi! Faut j'aille me moucher! Mon oreiller est trempe, donne-moi le tiens! Tu comprend paaaas!

C'est peut-être un test que je fais passer à mon chum pour voir s'il tiendra le coup durant toutes ces prochaines années et lorsque je deviendrai vieille et gâteuse.
Mais au moins, et très heureusement (pour tout le monde) une fois les torrents passés, la vie reprend son cours normal et l'âme est plus légère de quelques tasses d'émotions.









mercredi 30 octobre 2013

Je travaille à la conception d'un humain.

Certains diront que c'est une raison suffisante pour être TOUJOURS fatiguée, mais moi j'attend encore le regain d'énergie du deuxième trimestre. (Je suis au troisième).

En ce moment, et depuis plusieurs mois d'ailleurs, mon «set-up» idéal serait : Passer 24/7 sur le sofa mou, vêtue élégamment d'un Snuggie, pas de bas parce que j'ai un peu chaud, avec du café sans limites (si seulement), des séries télé, et des siestes où je tombe, quand je tombe.
Aucune responsabilité, une femme de ménage souriante à mes côtés, qui ne jugerait pas mes cheveux sales et s'occuperait, par le fait-même, de nous préparer un festin chaque soir. Elle serait aussi pâtissière et sentirait la clémentine.

Ah oui, et dans cette fantaisie, je pourrais dormir sur le ventre, sans recevoir de façon très très explicite, la désapprobation de madame poupon qui n'aime pas trop ça être écrapou.
Non, mais un bébé fru dans un espace aussi restreint, qui est aussi en fait, l'endroit où je range certains de mes organes en temps normal, ça se ressent assez vite, merci!

J'avoue que de pouvoir dormir plus que 6 minutes d'affilées dans une nuit m'aiderait probablement à être plus vive et fraîche le jour.

Parce que moi, je me réveille sans arrêt.

Je me réveille quand j'ai envie de me tourner (calculer 10 minutes chaque);
Je me réveille quand mon chum se tourne;
Je me réveille quand j'ai envie de pipi (8 à 9 fois par nuit, mais j'étire ça jusqu'à ce que je ne puisse plus l'ignorer, donc je ne me lève qu'une fois pour cette activité, après avoir passé 4 heures à ne pas dormir pour cette raison).;
Je me réveille parce que mon chum ronfle bizzare;
Je me réveille parce que je fais constamment des rêves bizzares;
Je me réveille parce que j'ai mal dans le dos. Et partout;
Je me réveille quand mes fichus ligaments se coincent (lire, prennent feu);
Je me réveille quand petit grand-frère se lève et dit «mais c'est quoi ce bruit?» ou simplement «Nooon! veut pas dormir veut écouter bonhommes!» N.D.A. Il n'y a PAS de bonhommes à TROIS HEURES DU MATIN!
Je me réveille aussi toutes les fois où je suis confortable, parce que mademoiselle foetus, elle, ne l'est pas tout à fait.

Les nuits ne sont pas évidentes. Les matins arrivent tôt.
Ça doit être un camp d'entraînement pour se préparer à l'arrivée de bébé. Et peut-être que quand elle, elle fera ses nuits, je pourrai commencer à y penser moi-aussi?




lundi 21 octobre 2013

J'ai encore échappé mon savon dans le fond de la douche.

Aux yeux de plusieurs ça peut sembler être un incident tout à fait anodin. Mais aux yeux d'un béluga, ça signifie de devoir faire des contorsions extravagantes pour réussir à l'attrapper.

C'est à dire:

Étape 1 : Écarter les jambes dans la mesure du possible;
Étape 2 : Respirer un grand coup et retenir son souffle;
Étape 3 : Se pencher vers l'avant et tâter à l'aveugle le fond du bain en essayant tant bien que mal d'attrapper ledit maudit p'tit bout d'savon perdu maudite affaire yé où j'le trouve pas;
Étape 4 : Manquer d'air et bleuir;
Étape 5 : Finalement le trouver et poursuivre le savonnage;
Étape 6 : Le rééchapper 4 autres fois dans la même séance de nettoyage corporel (et plus tu as de surface, plus la séance est longue);
Étape 7 : Abandonner et lâcher prise.

Et le ramassage du savon n'est qu'une activité parmis tant d'autres qui me sont rendues extrêmement compliquées, voire même impossibles.
Un des exemple les plus fréquents est de devoir me positionner en petit bonhomme (enfant de 3 ans oblige).
Et la position du petit bonhomme sympathique telle qu'on la connaît ressemble plus dans mon cas à un des personnage de la série Barbapapa. Rond, rose et mou.

Se placer en position accroupie se fait relativement facilement.

Ce qui est beau dans cette situation, c'est de revenir en position debout par la suite. Et ça doit se faire plutôt rapidement puisqu'après un certain moment, je ne peux juste plus respirer.
En compagnie d'une autre personne, c'est facile, je lui tend la main pour qu'elle m'aide à me relever.
Seule, c'est une toute autre histoire. Et parfois la solution la plus facile semble être de tout simplement se laisser tomber par terre et rouler sur le côté. Mais bon, il me reste encore un peu d'amour propre et je dois faire embarquer mon puissant système «D» (débrouillardise).

Alors, rappelons nous qu'à ce moment, je ne respire plus car, étant accroupie, mes poumons sont remontés un peu plus haut que ma luette. Alors le temps alloué au redressage est limité. Il faut agir rapidement et vite repérer un rebord de table, une chaise, un objet solide et surtout stable. (Dans le cas échéant, je me retrouverais de toute façon à rouler sur le côté).
Puis par la suite, l'agripper fermement et me tirer de toutes mes forces vers le haut, à l'aide de mes bras mous et pas nécessairement musclés.

Et pour la fréquence des situations du genre dans lesquelles un béluga se retrouve, il y a vraiment de quoi être fière de toutes les activités physiques que l'on accomplit dans une journée régulière. Bravo aux boules de mamans qui se tiennent en forme!



jeudi 10 octobre 2013

J'suis une grosse baleiiiiiineeee!

J'suis toute molle et pleine de bébé!
Je suis blême (grisâtre même)!
Je ne porte presque que des pyjamas!
Ma pédicure est à refaire mais je ne me rend pas!
J'ai le gabarit d'un sumo qui réussit!
Je me rase à l'aveugle (vive les p'tits spots de poils)!
J'ai des cercles mauves autour des yeux dûs aux pipis nocturnes et aux réveils encore fréquents de chérubin no.1!
À la fin d'une journée mon chum me retrouve échouée dans le salon!

Désespoir.

C'est à quel trimestre déjà qu'on resplendit du soleil et que notre petite boulette de ventre toute dure est toute jolie dans son manteau de maternité hors de prix parce qu'il n'a pas de boutons?
Qu'on est hyper-sexy avec nos belles courbes de femme, les cheveux au vent, Aznavour en arrière-plan?

Ça doit être au quatrième trimestre ça.

Pour le moment, je me sens cachalot-mort.
Un peu poilue, mais je ne sais pas où.

Alors je suis choyée d'avoir un chum qui me trouve la plus belle malgré tout.
Prêt à m'aider à mettre mes bas. (J'ai pas encore osé demander pour la pédicure).
Et qui me surnomme affectueusement «Grosse douceur» quand je porte mon chandail mauve.





vendredi 4 octobre 2013

L'heure est grave...

J'ai un rond foncé sur le ventre.

Ce n'est pas assez que mon nombril ait «poppé out», tel un majestueux troisième mamelon. Maintenant il est encerclé de brun, bien en évidence.

Pour ce qui est de la raison d'être de ce rond disgracieux, selon mes connaissances médicales (Google et Dr. House), c'est soit un lupus, soit un lymphome. Je devrai subir des tests poussés afin d'éliminer ces possibilités.
J'envisage l'ablation du devant du ventre. La circoncision du nombril. Je ne voudrais pas que ça s'aggrave.
Ou bien c'est peut-être le syndrôme de l'ours brun (badoum badoum!).

Et bien sûr, si on ajoute à ça les aréoles mammaires qui se transforment en immenses cibles bien foncées, eh bien toute nue j'ai l'air d'un bonhomme surpris.

D'ailleurs, pas que je ne sois pas jolie enceinte, qui ne l'est pas. Avec toutes ces courbes aguichantes et cette peau duveteuse (vraiment à cause du duvet qui s'est formé), mais avec tout ça, à l'occasion c'est facile de trouver que j'ai le «sex appeal» d'un coussin. Surtout quand ma tenue la plus sexy est un pantalon mou, pas de brassière.

Bref, je continue mes recherches, je ne permettrai pas à mon cancer de la peau de ventre de se dégénérer...










vendredi 27 septembre 2013

Être enceinte vient avec quelques petits plaisirs.
Des petits passe-droits auxquels on a droit sans se sentir coupable, parce que c'est pour notre bien, tels que : ne pas forcer sur des objets lourds, ne pas nettoyer la litière du chat, avoir une place réservée dans l'autobus...

D'ailleurs cette dernière, je l'apprécie particulièrement, moi qui déteste au plus haut point être debout dans le bus, au grand vent et à la portée de tous les sac-à-dos du monde.
Par-contre, bien malgré-moi, c'est pas donné à tous les usagers de savoir lire les pictogrammes (lire ici : dessins très très évidents ne laissant place à aucune interprétation ou doute), et de céder leur place aux bélugas-cachalots comme moi.
Et comme ce n'est pas quelque chose de particulièrement intéressant que d'être obligée de sélectionner une personne dans la mêlée et de lui quêter son convoité strapontin, j'ai développé quelques techniques.

L'important est avant tout de rester subtile, mais pas trop. Dans le genre «je veux que vous voyez ma grosse bedaine, mais sans que je ne m'en rende compte et sans trop faire pitié. Juste un p'tit peu pitié, pour que vous vous sentiez mal-à-l'aise d'être assis et pas moi».

La première étape reste toujours de déboutonner (s'il ferme encore), voire d'enlever le manteau avant d'entrer dans l'autobus afin d'arborer fièrement la protubérance abdominale.

Par le fait-même, il va de soi d'adopter la démarche A&W exagérée. Un exemple serait la démarche qu'aurait l'ours A&W s'il portait un très gros bébé.

Si ce n'est pas suffisant, utiliser la technique de «je me flatte la bedaine inconsciemment». Ainsi, les usagers de transports en commun qui avaient un doute jusqu'ici seront convaincus et il y a de bonnes chances qu'une place se libère.

Il y a aussi possibilité d'ajouter à tout ça des onomatopées de grosse madame. (Vous savez les «muuuff» ou les «gniigh» ou encore les «gniah» que les femmes se mettent à faire en se penchant ou se relevant lorsqu'elles vieillissent ou arrondissent.

Par-contre, pour certaines occasions, ces étapes ne seront pas suffisantes. Alors il faudra enclancher le plan B (le plan boule). C'est un peu extrême certes, mais pas plus que de passer un trajet complet à jouer au «pinball de bedaine» à travers les autres usagers chaque fois que le bus part ou arrête.

Ça consiste à ceci : se mettre à pleurer.
Il est possible de feindre une raison quelconque, par exemple, la vue d'une publicité triste mettant en vedette des fillettes atteintes de la fibrose kystique. Ou simplement, pour ma part, voir un enfant heureux.
Une fois les larmes enclanchées, ce qui aura pour effet d'attirer le regard des autres sur nous, répéter les premières étapes à partir du début.

Une femme qui pleure, sans manteau, qui se flatte la bedaine d'un regard amoureux en faisant des onomatopées de grosse madame au moindre mouvement n'a que très peu de chances de ne pas se faire reconnaître en tant que Béluga.
Ensuite, il ne reste qu'à sélectionner notre siège préféré, regarder l'usager dans les yeux et soutenir son regard jusqu'à obtention de la place désirée.

Ce sont les conseils que j'ai pour les Bélugas. Pour les autres, mon conseil serait : apprenez à lire les pictogrammes ou mieux encore, ne faites pas semblant de ne pas avoir vu la femme-boule en face de vous en feignant fixer les arbres qui défilent poétiquement à l'extérieur, d'un regard absent.


mardi 17 septembre 2013

Étape cachalot franchie.

Mais je ne me suis pas adaptée encore. Ça, je le constate chaque fois que je me cogne la bedaine dans un coin de mur ou que je ferme la porte d'entrée dessus.

Par-contre, certaines choses me le rappellent plus souvent qu'autrement.

Par exemple, quand je monte les escaliers. J'ai l'impression de traîner un sac de sable de 180 livres en plus de mon propre poids. À partir de la moitié, mes jambes commencent à flageoler dangereusement et inévitablement, arrivée en haut, j'ai besoin d'une sieste.

Aussi, je respire aussi bien que si un gros monsieur était toujours assis sur ma poitrine.
Je m'essoufle en parlant, en buvant un verre d'eau, et dormant même...
Alors une sortie au parc devient un sport olympique qui recquiert une semaine de repos pour s'en remettre.

Et ça, c'est sans compter le bassin qui fait des siennes. Effet le plus souvent ressenti suite à une longue marche, j'ai l'impression que tous mes os fusionnent ensemble et qu'au moindre mouvement je vais perdre une hanche par terre. Et bien entendu, ça cause une augmentation notable de la démarche A&W, qui sera croissante durant les 2 jours suivant la marche de santé, avant de revenir à un «Badoum badoum» régulier suivant ce délais.

Il y a aussi, l'étape la plus charmante peut-être, la «tortue sur le dos».
Celle où se lever du sofa se fait en 10 minutes, pas une de moins, et à coups de «je me donne un élan avec mes bras». Et ça, devant le regard amusé de mon chum qui préfère de loin admirer le spectacle que de me sauver du mou de fauteuil dans lequel je suis empêtrée.

C,est aussi l'étape où se retourner dans le lit se fait en 14 temps avec une pause entre chacun d'eux.
Et comme je suis une personne qui se retourne aux 4 minutes, les heures de sommeil se font de plus en plus rares étant donné le niveau de difficulté de chaque mouvement.
Et l'agitation que tout ça cause, finit inévitablement par réveiller bébé qui se met en mode «party nocturne» et contribue elle-aussi à sa manière, à faire en sorte que je me dise qu'étrangement, j'ai hâte qu'elle soit née pour pouvoir dormir...